Nous accompagnons les femmes tout au long de leur vie, des premières règles à la ménopause.
Bonjour Amélie, malgré son importance, le métier de sage-femme est méconnu. Beaucoup vous voit encore comme assistantes auprès des obstétriciens ! Qu’en pensez-vous ?
Je préfère dire que nous travaillons en équipe avec les gynécologues – obstétriciens. Nous avons notre autonomie et sommes reconnues comme une profession médicale avec des compétences spécifiques, c’est à dire que nous suivons les femmes lors d’évènements de vie physiologiques (normaux) et lorsqu’il y a une pathologie (un problème ) nous les orientons vers un gynécologue, car cela n’est plus de notre ressort.
Dites-nous en quoi consiste exactement votre profession ?
Nous accompagnons les femmes tout au long de leur vie, des premières règles à la ménopause. Nous sommes proches d’elles, avec un regard basé sur la normalité, ce qui fait notre force.
Les sages-femmes se positionnent comme les gardiennes de la physiologie en assurant :
- La consultation pré-conceptionnelle (quand on a le projet d’avoir un enfant et que l’on a plein de questions)
- Le suivi de grossesse (une fois par mois, pour les femmes qui sont en bonne santé).
- L’accompagnement lors de l’accouchement.
- La préparation à l’accouchement et à la parentalité.
- La visite post-natale (6 à 8 semaines après l’accouchement).
- La rééducation du périnée.
- L’aide à l’allaitement.
- Nous faisons depuis 2009, le suivi gynécologique de prévention, quand tout va bien.
Quelle est votre journée type ?
La majorité des sages-femmes travaillent en maternité, moi je travaille en libéral. Je n’ai pas vraiment de journée type, car j’aime le changement. Généralement, je reçois les patientes au cabinet, à Mougins, le lundi et le vendredi, pour leur visite mensuelle de grossesse, la préparation à la naissance ou le suivi gynécologique. Le mardi et jeudi, je suis à domicile pour accompagner les femmes et leur bébé au retour à la maison ( ce qu’on appelle le prado). Etant spécialisée dans l’accompagnement des accouchements à domicile, je peux donc être appelé à toute heure du jour et de la nuit.
Est-ce qu’être suivi par une sage-femme pendant sa grossesse coûte plus cher ? Existe-t-il des aides ?
Aller voir une sage-femme ne coûte pas plus cher bien au contraire! Notre consultation est au même prix que les médecins, soit 23€. Tout comme les autres professionnels de la santé, nos soins sont remboursés par la sécurité sociale. Pas besoin d’ordonnance.
La tendance est à vouloir revenir au naturel, accoucher sans péridurale, dans l’eau, à domicile…Qu’en pensez-vous ?
Je ne pense pas que cela soit une tendance ou une mode. Je crois simplement que les femmes ont accès, grâce à internet, à plus d’informations qu’auparavant, elles se renseignent et veulent ce qu’il y a de mieux pour elles et leur bébé. Là où, autrefois elles faisaient confiance aveuglément au monde médical, aujourd’hui, elles le questionnent et souhaitent comprendre. Les femmes savent qu’accoucher sous péridurale n’est pas sans conséquences pour elle et leur bébé.
Elles veulent aussi être libres de bouger pour faciliter la descente du bébé dans leur bassin, ressentir les mouvements de leur bébé en elle pour savoir oú il se trouve, et ainsi l’accompagner au mieux. C’est une véritable communication entre la mère et l’enfant qui a lieu dans la mise au monde, il serait dommage de couper cela avec une anesthésie péridurale.
Je ne suis pas contre la péridurale, elle est très utile dans certains cas. Je remets simplement en question son utilisation fréquente avec près de 78% des femmes qui accouchent sous péridurale en France. Il me semble que notre rôle est de préparer les couples, leur donner des outils qu’ils puissent utiliser lors de l’accouchement et être un soutien pour eux lors de la naissance de leur bébé. Je remarque souvent que le plus important est le soutien émotionnel des couples, car donner la vie n’est pas qu’une question mécanique, mais ça vous le savez déjà.
Quand à l’eau, il est vrai que ça diminue l’intensité des sensations puisque la femme est comme en apesanteur, détendue et donc plus ouverte à laisser son bébé passer. Le plus important est de savoir se détendre une fois la contraction utérine passée, l’eau et la péridurale permettent cela, tout comme les massages, la musique, faire des sons…à chacune sa méthode.
Quel est votre position concernant l’accouchement à domicile ?
Si j’ai décidé d’accompagner la naissance à domicile, c’est parce que je crois profondément en la capacité de chaque femme à enfanter et qu’il est important pour moi que les couples puissent avoir le choix du lieu d’accueil de leur enfant. C’est un droit, une liberté. Bien entendu seules les femmes ayant une grossesse physiologique, sans problème de santé, pourront accoucher à la maison. C’est d’ailleurs assez répandu dans les pays comme l’Angleterre ou les Pays – Bas. Nous avons du retard sur nos voisins.
Quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?
Mon plus beau souvenir: le tout premier accouchement à domicile que j’ai accompagné. C’était au Brésil, une amie chère à mon cœur, qui m’a fait confiance. C’était magnifique! Son fils, João, est né avec le lever du soleil, le jour du solstice de printemps. J’ai eu la chance d’être présente et c’est ce qui m’a permis de me lancer dans l’accompagnement des naissances à domicile. J’en suis émue encore aujourd’hui. Merci à sa maman Gisèle et à son papa Thomaz. Il y a des rencontres comme ça qui change notre vie.
Pourquoi mettez-vous des fessées au bébé quand il naît ?
Bien heureusement nous ne mettons plus de fessées aux bébés quand ils naissent, nous ne les suspendons pas non plus par les pieds. Ce sont des gestes violents et inutiles pour aider un bébé à prendre sa première inspiration. Il me semble plus juste de lui apporter de la douceur et de l’amour à ce moment là, ce que les bras de sa mère lui donne généreusement. N’est-il pas ce dont nous aurions envie à l’arrivée dans ce monde?
Michel Odent, un fameux obstétricien Français que j’apprécie, dit qu’il est nécessaire de changer la façon de naître pour changer le monde. C’est ce que je crois aussi et c’est ce à quoi je participe chaque jour.
Merci à Nawel de me donner la possibilité de m’exprimer sur ma profession que j’adore. Merci à toutes les femmes qui m’ont fait confiance et que j’ai eu la chance d’accompagner. Parce que c’est tous les jours la journée de la femme! Prenons soin de nous.
Alors mesdames n’hésitez plus allez voir votre sage-femme! Vous trouverez la sage-femme la plus proche de chez vous sur les pages jaunes ou sur le site de notre association. Je remerci Amélie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et nous faire découvrir sa passion qui est devenue son métier.
Amélie Lecorné Telles Sage-femme libérale
Accompagnement global avec accouchement à domicile
Soin Rebozo
Animatrice de cercles de femmes
1555 av de la plaine – 06250 MOUGINS
Tél : 07 61 08 37 58
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