Kenza Benmoussa By Regards Croisés

Nous vous présentons le portrait de Kenza benmoussa, c’est une jeune étudiante marocaine qui poursuit ses études en doctorat et vit actuellement en Chine . Elle nous raconte son parcours pour le moins passionnant. De lycéenne marocaine à aujourd’hui, le parcours d’une Femme engagée, intelligente, convaincue et convaincante.

Ma jeunesse.

Je m’appelle Kenza BENMOUSSA, j’ai 23 ans et je suis en France pour poursuivre mes études supérieures. Mon engagement associatif a commencé l’année de mon Bac, lorsqu’ont débuté « les révolutions du printemps arabe « en 2011. J’ai pu découvrir que je n’étais pas la seule à vouloir changer l’ordre des choses, à avoir des rêves, des espoirs, bousculer les mentalités pour améliorer mon pays. Je me suis tout de suite identifiée à cette jeunesse qui se rencontrait pour sortir manifester. À la même date, j ai dû aller au Parlement Européen pour représenter le Maroc à l’occasion du programme EUROMED SCOLA, afin de trouver des solutions sur différents sujets comme l environnement, l’immigration, l’éducation, en jouant le rôle de député européen

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Mon premier combat pour le droit à l’éducation.

C’est en tant que jeune bachelière que j’étais confrontée à la dure réalité du système éducatif marocain. Ma mention BIEN n’avait pas suffi à passer le concours dans l’école que je souhaitais dû à des fraudes et des seuils exorbitants, il y avait des places « réservées ». J’ai donc décidé de lancer un événement sur Facebook pour protester sur le terrain sans trop y croire. Une soixantaine de personnes ont répondu à mon appel, les médias étaient aussi de la partie. S’en suivi un mouvement qui se créa naturellement, dont l’idée était d’éveiller une conscience citoyenne. Population ciblée : les étudiants. Les responsables devaient entendre que nous n’étions pas satisfaits de notre système éducatif. Leur montrer que nous étions intéressés par la vie sociale et politique. Le droit à l’éducation » devînt mon premier combat.

Le printemps arabe a apporté une identification à une certaine jeunesse éclairée.

Nous n’avons pas eu le printemps arabe comme dans les autres pays et tant mieux. Le problème ne vient pas seulement des politiciens, mais aussi du peuple. Entendons-nous bien, tant que les marocains ne seront pas éduqués, on ne pourra pas changer les choses. On en revient à cette notion d’éducation, mais il est vraiment impératif de s’instruire afin de pouvoir changer les mentalités archaïques. Là seulement nous pourrons parler de transition politique et pas de révolution. J’ai observé que ces événements ont renforcé la place des jeunes aux yeux de l’élite et des intellectuels. Ils ont enfin pris conscience qu’avec les réseaux sociaux et les médias numériques nous avions à affirmer notre existence. Les vidéos ironiques, les satyres politiques ne sont certes pas aussi fortes qu’ici, mais ils sont réels et évolutifs. La démocratisation de la parole devint dès lors une réalité. Le printemps arabe a permis d’éveiller les consciences au Maroc, sur ce plan là, c’est un succès.

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Apprentissage de la langue française aux jeunes enfants tunisiens.

Tous ces événements m’ont construit en ce sens. Ce qui m’a permis de développer une critique politique, qui m’a valu le surnom de  » Miss politique  » par mes camarades de classe et professeurs à la fac de Rabat. Je m’intéressais plus concrètement aux relations internationales et à la diplomatie. J’ai vite compris que mon profil de contestataire ne concordé pas avec mes ambitions professionnelles. Je changeai de stratégie en intégrant l’association « AIESEC » qui propose des stages de volontariat ou professionnels, ainsi que de développe le leadership chez les jeunes. Mon premier voyage avec eux fut organisé pour Djakarta en Indonésie, malheureusement le programme était annulé à la dernière minute, mais deux autres destinations m’ont été proposé, l’Inde et la Tunisie. Mes parents refusant que j’aille en Inde, je me retrouvais en Tunisie pour une durée de 6 semaines. Ce fut une expérience fabuleuse. Toutes les origines étaient représentées. On enseignait les langues (français, anglais, portugais, chinois etc ) aux enfants de milieu défavorisé de 7 à 17 ans avec des ateliers créatifs et de communications.

De retour au Maroc, je deviens un membre active dans l’association. J’ai eu l’occasion de développer mes capacités en événementiel en devenant la vice-présidente d’un événement d’une phare ampleur internationale « Rabat Youth To Business Forum ». Je devais gérer des équipes, faire des interviews dans les médias locaux et inviter de grandes personnalités pour débattre sur divers sujets. Nous avions comme sponsor officiel NOKIA. D’autres événements ont succédé, notamment sur le voyage et la découverte, ainsi que sur la femme et le leadership.

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Rabat Youth To Business

Le théâtre… une nouvelle forme d’expression.

Mon engagement fut d’une manière plus artistique grâce au  » Théâtre de l’Opprimé « , dont la particularité est de donner la parole au public. Inventé par AUGUSTE BOAL au Brésil, le but est de travailler sur une problématique qui concerne la société et y apporter une solution à la fin du spectacle. Il y a plusieurs outils et méthodes, mais c’est principalement axé sur l’improvisation, les acteurs invitant les spectateurs à participer en les montant sur scène. La pièce devient dès lors interactive. Il est important pour moi d’en parler, car c’est une forme de militantisme qui fait vraiment avancer les mentalités et de manière ludique dans un échange consenti. Une très bonne chose pour l’avancée de la démocratisation au Maroc.

Polyglotte malgré moi.

J’ai la chance d’être issue d’une famille qui parle plusieurs langues. Depuis mon plus jeune âge, ma mère me parlait souvent l’arabe classique et l’anglais. Quant à mon père, c’était le français et l’espagnol. J’ai grandi dotée de cette soif d’apprendre plusieurs langues. Particulièrement le chinois car cette culture m’a toujours intriguait. De plus, la Chine était et reste un acteur politique très important, une langue que j’ai apprise pendant 2 ans en parallèle de mes études.
J’ai fait un séjour linguistique qui m’a permis de mettre en pratique cette langue somme toute, très complexe. Hébergée à l’université de Pékin, le dépaysement fut total, mais dans de bonnes conditions. Une expérience humaine positivement marquante, caractérisée par l’ouverture sur d’autres cultures et valeurs comme la tolérance et le partage. Aboutissant à un énorme développement tant personnel que professionnel. A vrai dire, je suis tombée totalement sous le charme de ce pays. Mais malheureusement, une langue ça se pratique et je n’ai pas souvent l’occasion de le faire en France.

Mon arrivée en France.

À mon retour de Chine, j’ai posé mes valises en France pour de nouvelles expériences, une nouvelle vie. Un temps d’adaptation m’était nécessaire pour dépasser mes craintes qui m’avaient beaucoup perturbée dès ma première année. De réaliser que je devais quitter mon pays, mes activités, mes projets, ma famille et mes amis m’étaient très difficile. Malgré tous mes efforts, je ressentais ce vide causé par l’inexistence d’une vie associative telle que je m’y étais habituée. Au fil d’une conversation, j’ai découvert par hasard l’association  » Munice  » qui se focalise sur les relations internationales et permet aux étudiants de jouer le rôle de diplomate sur divers sujets d’actualités internationales. On me proposa dès le premier entretien de participer à un workshop. Je devins rapidement Responsable Partenariat en intégrant le staff organisateur. Contente d’être entourée par une jeunesse active, je m’y épanouie depuis près de 3 ans maintenant.

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L’équipe MUNICE

Quel bilan ?

La vie est un puit d’apprentissage. On tombe très bas, puis en se relève pour continuer notre chemin. L’être humain se construit grâce aux successions de plusieurs événements. Il ne faut pas avoir peur d’OSER de nouvelles choses, d’aller vers l’autre. L’ouverture sur les divers cultures est une richesse en soi. Je suis une personne de nature très réservée et timide, mais j’ai ce coté aventurière qui alimente mes décisions et me pousse à surpasser toutes mes limites. Plus on avance en âge, plus nos pensées évoluent. Mon militantisme a pris d’autres formes plus concrètes à ce jour. C’est très important de vivre une expérience sur le terrain, mais ça l’est encore plus de développer un regard objectif dans tout ce que nous entreprenons. C’est la première chose que j’ai appris dans cette grande école qu’est « la vie ». La deuxième chose, c’est qu’il ne faut jamais sous-estimer une femme, mais plutôt l’encourager et l’aider à atteindre ses objectifs. Elle peut avoir plusieurs préoccupations et centres d’intérêts à la fois et c’est ce qui fait sa valeur en réalité.

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J’ai réalisé cet entretien le 12 janvier 2017. Elle est aujourd’hui de nouveau en chine pour de nouvelles aventures. A son retour en France, je l’interviewerai en vidéo pour vous faire part de son évolution. #resteconnect

Nawel Boumehdi Blog :                                                                                                                            Mon carnet d’adresse (PACA)                                                                                                                  Présidente de Regards Croisés

 

 

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