En quoi les hippies ont été une communauté avant-gardiste ? (réponse de Jérémy MICHALAK)

Les températures explosent le thermomètre, l’odeur de la crème solaire embaume les plages et la programmation des festivals en plein air reprend de plus belle… Que ce soit pour l’amour du jazz (Nice Jazz Festival), l’amour d’autrui (la Pride) ou bien l’amour de la nature (We love Green Festival), les différents horizons se réunissent autour d’une cause commune qui fait battre leur cœur… tout comme le Festival de Woodstock en août 1969. Cet événement musical américain a été vécu par plus d’un million d’individus, ce qui représente un modèle historique de cohésion sociale. Organisé et fréquenté principalement par des hippies, cette manifestation symbolise encore la paix dans l’inconscient collectif, fasciné à l’idée de vivre, à leur tour, le Summer of Love.
Dans ces conditions, il serait intéressant de nous pencher sur la nature de l’héritage laissé par le mouvement hippie.
A la lumière du documentaire intitulé Sur les traces des hippies, réalisé par MICHALAK, il sera analysé en quoi cette communauté a été avant-gardiste concernant les grandes thématiques actuelles comme l’écologie, la liberté et la spiritualité.


Le mouvement hippie serait né, selon le documentaire, autour de 1967, à San Francisco, ville reconnue aujourd’hui pour ses solutions apportées et exercées au quotidien dans le cadre du développement durable. Face à une Amérique consumériste, tendant vers la surconsommation et le gaspillage, cette communauté décide de naviguer à contre-courant des idéaux véhiculés par la publicité en prônant la communion à la nature. Profitant des vertus de cette dernière, les hippies ont rejeté la nourriture industrielle proposée voire imposée par l’essor des supermarchés, créés trente années auparavant. La dégustation exclusive des aliments simples, non-traités, délivrés par la terre, comme les fruits et les légumes représentaient une forme de respect à la chaîne alimentaire fondée par Mère Nature mais aussi au corps, qui se contente d’une nourriture primitive. Aujourd’hui, les consommateurs.trices reviennent à cela en prêtant davantage attention au bio. De même, devant une société qui va à toute vitesse, les hippies considéraient que le repas demeurait une étape importante de la journée, ce qui explique un temps de préparation et de réunion à table lent et conséquent. Ce qui inspirera, en 1986, le mouvement slow food proposé par Carlo PETRINI, gastronome italien, qui a décidé de contrer l’arrivée de la chaîne de restauration rapide McDonald’s dans le quartier historique de Rome. Par ailleurs, à cette époque, l’utilisation du cannabis était considérée comme une pratique médicale alternative, la plante étant un remède naturel apaisant. La nature guérissait. Toutefois, les politiques, au début des années 1970, ont multiplié les campagnes de sensibilisation afin de donner une autre image de cette drogue et de mettre la lumière sur les effets causés par une surconsommation. Le documentaire indique qu’en 2019, 33 états sur 50 ont légalisé le cannabis. Le quotidien des consommateurs.trices a été immortalisé dans la littérature grâce aux ouvrages de la Beat Generation composée notamment des auteurs William S.BURROUGHTS, KEROUAC etc.

Par ailleurs, les hippies ont toujours mis au cœur de leur vie des valeurs fondamentales comme la liberté. L’explique notamment l’origine de cette génération issue du baby-boom (nombreuses naissances après la 2nde Guerre Mondiale) qui a été témoin des Trente Glorieuses (les trente années qui ont connu un essor économique). Les hippies ont eu pour parents des représentants de la société de consommation. Être un homme, dans les années 1960, signifiait enfiler un costume de businessman et générer de l’argent. L’épouse, quant à elle, devait dépenser cette somme dans les hypermarchés et dans l’électroménager afin de mieux équiper son foyer. Par conséquent, devenir hippie symbolisait un refus d’entrer dans une société où l’individu était considéré comme un objet économique à la servitude de l’état mais comme un être humain. La jeune génération se voyait davantage comme des êtres pensants, qui n’étaient pas dénués de sentiments. Ce qui explique ainsi le combat pour le droit des femmes et des afro-américains à cette époque. Les hippies de 2020, montrés dans le reportage, manifestaient contre les discriminations ouvertes et publiques de Donald TRUMP.  Quant aux années 60, la communauté luttait contre une Amérique déclarant la guerre au Vietnam. L’a montré notamment ce moment fort où le guitariste Jimi HENDRIX lorsqu’il a imité, de ses doigts, le bruit des bombardements lors de l’interprétation de l’hymne américain The Star-Spangled Banner lors du Festival de Woodstock en 1969 devant un million de spectateurs. Ce même artiste sera connu pour avoir brûlé sa guitare sur scène, symbole d’un monde ancien qui part en fumée. En d’autres termes, selon la perception des hippies, l’humain doit se souvenir qu’il est égal à chacun et qu’il est libre. De ce mode de pensée, découle une meilleure compréhension de leur revendication d’une liberté sexuelle (la volonté de ne pas « appartenir » à un.e autre, tel un objet) adoptée par des couples contemporains mais aussi cette envie de ne pas rester enfermé.e.s en un seul lieu, de ne pas demeurer prisonnier.e d’une maison, d’explorer le monde, de devenir nomades. Un mode de vie représenté par les van-lifers aujourd’hui, sur les réseaux sociaux.
       
En outre, les hippies détenaient un rapport très fort à la spiritualité, au développement de soi, de son esprit et l’écoute du corps. La communauté préconisaient la purification de notre enveloppe matérielle, grâce à l’alimentation comme on a pu l’étudier il y a quelques lignes, mais aussi grâce à une pratique régulière du yoga et de la méditation. Ces sports permettent de concentrer son esprit et de nourrir son âme. Le but était de rester au plus près de son être, de ses envies, de ses origines grâce à l’introspection régulière. Une purification qui s’employait aussi par l’utilisation de la sauge et du Palo Santo, reconnus pour leurs vertus anti-bactérienne mais aussi d’épurement spirituel. Etre hippie, c’était s’ouvrir l’esprit à d’autres pratiques que celles proposées par l’industrie pharmaceutique pour guérir. La communauté s’intéressait aux rites anciens comme les phases de la lune, l’alliage de différentes plantes, l’interprétation des rêves pour soigner les maux de l’Humanité.

Au terme de cette analyse, Jérémy MICHALAK nous a appris, grâce à ce documentaire qu’il a lui-même  produit, que la communauté hippie est parvenue à s’émanciper des règles de la société en créant leur propre monde, en tentant de construire et de parvenir à une utopie, issue d’une vision commune de l’existence. Leurs divers combats ont laissé un héritage fondé sur des valeurs comme le respect de la nature, le partage, l’entraide, la pleine exploitation de son potentiel et la liberté. Des attraits et des luttes perpétuées par les générations Y et Z, comme l’expliquent Laura-Jane GAUTIER et Florent MANELLI dans l’ouvrage Le feu ou rien où des problématiques comme la cancel culture ou l’identité de genre sont au goût du jour. En 2019, les hippies existent toujours. Même si le mouvement punk a détrôné leur culture dans les années 1970, il faut savoir que The Farm (vers Nashville aux Etats-Unis) est la plus grande communauté hippie qui perdure aujourd’hui. The Farm a vu la naissance de plus de 4000 enfants et il nécessite d’être muni d’une recommandation pour intégrer cette vie en communauté structurée.

Reste à savoir si, à notre tour, nous allons laisser un héritage culturel aussi conséquent…

Michaël BRICE

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