L’âme du Luthier de Nour Cadour

Le petit Yael rêve d’être écrivain au grand dam de son père qui le prédestine à reprendre son atelier et métier de Luthier. Nour Cadour nous narre de façon très poétique l’évolution d’un jeune homme tiraillé entre le devoir et son objectif de vie : être écrivain.

Dès les premières pages nous découvrons un enfant doux avec une lucidité d’esprit surement dû à son amour de la littérature. Ses nombreuses épreuves de Maaloula à Paris sonnent comme des leçons pour le lecteur. Nous sommes en Syrie, un pays qui entrera bientôt en guerre. Au delà du parcours de notre héros, ce roman nous parle d’un peuple faisant preuve de résilience. En trois mots, Nour Cadour nous en dessine le portrait :

Les Syriens : Les personnages JOSEPH, AZZA et BILAL sont très attachants, car nourrit d’un esprit de solidarité pour notre Yael qui l’aideront à mener à bien son projet. Cet amour de la tradition, de la transmission du savoir faire artisanal démontre une culture forte qui explique la renommée du pays.

La France : C’est là où se déroule la deuxième partie du roman, mais elle existe dès le premier chapitre par l’apparition de nos grands auteurs tels qu’ARAGON, BEAUDELAIRE, RIMBAUD dont est très attaché Yael, mais pas que. Un pays où il fera face à une tout autre mentalité, passant de l’imagination à la réalité. « Je trouvais parfois les gens très irrespectueux ici, agissant sans penser aux autres » p.126.

Union : Ce mot qui me vient à l’esprit quand on découvre l’exploit qu’a réussi ce pays, faire cohabiter des ethnies et croyances. JOSEPHE son meilleur ami est chrétien orthodoxe et Yael musulman. Il n’y a aucune différence, aucune séparation, ni défiance, ils sont syriens, point.

Imparable est l’union des lueurs musicales et des émotions foisonnantes qui émanent de cet instrument. Tu vois, elles font un pacte tacite. Elles sont telles des âmes soeurs qui se reconnaissent instantanément pour résonner de concert.

Père célibataire et artisan reconnu à travers le monde pour la qualité de son travail. Yael grandira avec la frustration dû au refus catégorique de ce dernier de lui parler de sa mère, mais pourquoi ? C’est par cette intrigue que Nour Cadour retient le lecteur. Comment se construire avec un père célèbre, absorbé par son art, presque absent et pourtant si exigeant. Cette relation père-fils est l’histoire d’une emprise presque involontaire par le secret. Une complexité qui m’interroge encore au moment où j’écris.

Et l’amour dans tout ça ? Comme je l’ai dit plus haut, nous voyons le personnage grandir, chaque étape sera marquée dans son esprit par une femme. On sens beaucoup de pudeur, peut-être est-ce parce qu’il n’a jamais connu sa propre mère ou tout simplement parce qu’il est timide ? Je ne sais pas.

J’ai particulièrement aimé la plume de Nour Cadour, écrivain, mais poétesse avant tout, cela se ressent à la lecture. Le style est très épuré et mélodieux. L’horreur de la guerre quelques chapitres plus tard n’y changera rien. On devine la résilience de tous malgré les difficultés, je veux même parler de dignité, celle d’un peuple uni qui fait face aux difficultés avec force.

En somme, ce roman est une ode à l’espoir salvateur.

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